Vendredi matin,
Je pars de BUKHARA des l'aube, le soleil se leve sur la vieille madrasa, la ville sort lentement de la torpeur de la nuit pour gouter un peu de fraicheur.
Ma carte annonce une centaine de kilometres jusqu'a Kasan, j'en ferai plus de 150, cent cinquante kilometres de desert, de steppe, de poussiere, de vent, de rien. Quelques villages en retrait, assez loin de la route, quelques maisons en pise d'ou ne perce, aux heures chaudes du jour, aucun signe de vie. Deux seuls"kafes", le long de cette route interminable m'apporteront, the, repas et humanite.
18h30, enfin Kasan, j'ai cru ne jamais y arriver, on me designe l'hotel, encore deux cents metres extenuants, il est ferme.
Depuis Goycay, il est dit que les hotels fermes sont la benediction du voyageur: A deux pas de la, Jasur me regarde depuis le seuil de sa boutique de telephone, qu'il ferme pour m'emmener chez lui; commence alors un rituel deja vecu.
D'abord, mettre le "velosi'ped" et les bagages a l'abri puis s'asseoir avec toute la famille pour boire le the, se regarder, se sentir, s'apprivoiser et devenir du meme sang; on peut alors faire le tour de la ville et du bazar, un peu de fierte, sans doute, de presenter l'ami etranger; j'y ai surtout vu le desir de partager avec les amis, les voisins, ce qui devient, lentement et progressivement, une soiree de liesse.
La table sera dressee dans le jardin, couverte de fruits secs et frais en attendant, a la nuit tombee, l'immense plat de Polov. La soiree s'etire, des dizaines de voisins, freres et amis passeront un moment, pour saluer l'etranger, lui demander avec gourmandise "Datkouda, d'ou viens-tu" et tremper sa main dans le plat dePolov pour en retirer une boulette compressee.
Nous nous serons moques ensemble de mes "Aleikum salaam" et mes "Rahmat" qui faisaient tant pouffer la petite Sabina; Belinda, 14 ans, qui voudrait faire une ecole de modeliste, m'aura montre tous ses dessins et nos incomprehensions mutuelles se seront, toutes, terminees par des eclats de rire et des gestes affectueux.
Bien tard dans la nuit, ma couche sera prete sur les tapis du "divan"du jardin, la moustiquaire accrochee aux branches de l'abricotier. Je partirai tot, pour les laisser vaquer et alors que j'aurai deja enfourche mon velo, la femme de Jasur, enceinte de 4 mois, viendra glisser dans ma sacoche, un petit sac de Nawak, sucre cristallise sur un fil de coton, pour me porter bonheur.


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