Je finirai ce voyage avec la mentalite d'un enfant gate. A chaque fois que, depuis mon depart, j'ai eu une envie, un desir, eprouve un besoin ou un regret, j'ai ete entendu, que je les ai exprimes clairement ou pas. La providence sans doute, Mercure aux talons ailes peut-etre et l'ame des pays qui m'acueillent, surement, veillent sur moi.
A peine avais-je emis le regret d'une evolution culturelle incomprehensible depuis la Turquie, que l'Azerbaijan me repondait: Une progression lente, reguliere, inexorable, je le sais, et merveilleuse, croyez-moi, vers l'aride, les deserts. Les arbres se sont espaces avant de disparaitre, l'herbe des prairies si verte avant Balakan s'est faite lentement plus rase pour ne plus etre qu'un tapis sec laissant apparaitre le gris du sol dechire de sillons profonds et etroits, aux parois verticales creuses par des cours d'eau laiteuse. Sur les versants sud des collines, les pierrailles sont apparues sur la terre seche et lorsque, plus loin, la relief s'est adouci, l'herbe n'est pas revenue.
Lundi en fin de matinee, le vent qui descendait du Caucase prenait soin de se chauffer sur les roches deja brulantes avant de me pousser. Par instants, il levait des volutes de poussiere qui faisaint crepiter les quelques chardons secs du bord de route. Des alignements de poteaux en bois, en beton ou en acier rouille et tordu faisait fuir le regard jusqu'a l'horizon, ils semblaient a leur place et disaient au voyageur: va, d'autres sont passes.
J'ai fredonne longtemps cet air magnifique de Glinka:"Dans les steppes de l'Asie centrale" avant qu'une boule de bonheur ne me force a m'arreter, a gouter le vent, ecarter les bras et tenter de m'en repaitre.
Je ne sais pas encore ce que seront les deserts mais je sais que les steppes d'Azerbaijan m'ont comble, c'est pour traverser de tels paysages que je me suis mis en route, le 2 Avril.


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