Il m'est arrive souvent de repenser au motel d'Aleksinac. Accepter le chambre, c'etait partager la vie des refugies ou me fabriquer du pittoresque. La refuser, c'etait agir par pudeur ou craindre de faire front. Je m'interroge encore sur mes motivations du moment, etaient-elles bien celles que je souhaiterais. Ce questionnement permanent a ete fondateur, Aleksinac m'aura aide a tracer une ethique de mon voyage.
Je suis du pays que je parcours, je n'ai garde de moi que l'amour de ma femme, de mes enfants et de mes proches, que le but a atteindre et les raisons qui m'y poussent, que les quelques principes qui aident a tenir debout. Tout le reste est devenu accessoire, mes gouts, mes aspirations ou mes envies s'effacent et me laissent disponible pour accepter et remercier.
Payer le repas a l'employe du cafe du bord de route est une chose, le remercier avec chaleur de vous avoir propose le plat qui vous a nourri en est une autre. Regler un prix exorbitant pour une chambre innomable au factotum de l'hotel municipal est la regle, lui montrer son soulagement d'avoir trouve un abri, c'est lui dire: tu vis dans le pire taudis que l'on puisse imaginer, je l'ai vu; j'ai "la" "jolie" chambre, je le sais.
Alors a Samtredia, j'ai accepte la chambre, je ne la decrirai pas, je suis fatigue de dessiner des ruines. Je me suis promene sur les quais de la gare entre les sacs de prunes vertes, les vendeuses de graines, de pain et de cigarettes et les voyageurs contraints a descendre de leur train pour attendre le prochain en etat de repartir.
Je me suis assis pour leur dire: Je suis de vous.


0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home