Je quitterai Dushambe, demain matin, apres avoir recupere mon passeport et son visa chinois. Je partirai par l'avenue Aini, grande artere sovietique disproportionnee, desormais chargee de voitures mais toujours sans vie, forcement sans vie puisque l'humain y a la place et la fonction que le regime lui avait attribuees: celles de fourmi.
Je quitterai cette ville ombragee comme Baku, exotique comme Batum'i, transpirant son histoire par toutes ses pierres et ses paves, sans regret ni reniement, comme toutes ses soeurs de l'est.
Je quitterai ces statues, ces mosaiques, ces bas-reliefs, temoins du style "progres en marche" visible sur les batiments publics, les hotels ou aux carrefours de ces grandes avenues. Les hommes et femmes y sont droits et massifs, les moissons genereuses et les machines pretes a redessiner le monde. J'ai trop vu ce que la philosophie qui a inspire ces oeuvres peut avoir d'intrinsequement desastreux mais j'aime cette representation graphique a gros traits.
Je quitterai cette ville, heureux de retrouver mon compagnon, une chambre d'hotel ne constituera jamais notre univers, nous sommes ensemble pour avancer et l'inaction nous pese. Demain matin, passe Kafarnikhon, tout aura repris sa juste place, la mecanique, les muscles et le moral.
Je reprendrai l'habitude d'une page d'ecriture quotidienne, discipline un peu delaisse depuis quelques temps, meme si je ne suis pas sur de pouvoir les publier avant Kaxgar, carrefour des anciennes routes de la soie, a la lisiere du desert du Taklimakan. J'aurai alors traverse quinze frontieres.


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