Samedi matin,
L'Italie est maintenant derriere, j'en avais un peu marre, j'avais besoin d'inconnu.
D'une frontiere a l'autre, la ou je l'ai traversee, la Slovenie fait 25 kms, une seule auberge entre les deux postes frontiere, il ne fallait pas la rater, je ne l'ai pas ratee, bien m'en a pris.
A 9h30, je rentre en Croatie, deuxieme tampon sur mon passeport, une belle journee se dessine. Enfin je retrouve des campagnes comme je les aime, pas encore modelees par le rationalisme et les plans de rentabilite: des petites parcelles jardinees au milieu de prairies naturelles, des taillis qui abritent de gros crocus parme, des talus, des violettes, des tas de fagots qui attendront bien l'hiver prochain et de petites fleurs, jaune "bouton d'or" qui ressemblent a des asters perchees sur de grosses tiges de begonias. Tout cela dans de grandes valles incurvees faites de terre bien noire, bien grasse que des motoculteurs hors-d'age retournent ceremonieusement.
La carte que j'utilise pour me frayer un chemin jusqu'a Rijeka m'annonce un tunnel routier infranchissable en velo. Elle annonce le tunnel mais n'explique pas sa presence. A 15h00, j'avais compris, je venais de pousser mon velo pendant 2h15 et 6 kms pour lui faire faire un denivelle de 900 m, 15% en moyenne, impossible de les franchir sur un velo de 35 kgs. Plusieurs camionettes, peinant, toussant, m'ont double, arcboute; je me suis , bien sur, refuse a leur faire signe, mais si l'une d'entre elles m'avait propose...
Pendant 2h15, je n'ai fait que compter les kilometres, recompte sur 100 jours, sur 110 jours, et combien jusqu'a Istambul et donc combien par jour pour le 6 Mai, et si je devais pousser cette machine sur cette pente jusqu'au 31 Juillet, jusqu'ou.... Au sommet, j'etais plus epuise par toutes ces simulations que par l'ascension et puis une telle vue sur la baie de Rijeka m'attendait.


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