

Premiere frontiere, il en reste 13, j'aurais aime faire tamponner mon passeport mais les postes de douane, francais et italien, sont abandonnes depuis des annees, en temoigne la couche de poussiere grise agglutinee sur les rares fenetres encore en place.
Peu avant Menton, j'ai double un pelerin. Je l'avais vu de loin, petite chose sombre au bord de la route, domine par la coquille de son baton, bien plus grand que lui. La tignasse pendant en meches grasses, la peau noire de soleil, noire de crasse, noire de mauvais sommeil, il etait, lui et son sac couvert d'une pelerine luisante qui achevait de le transformer en quasimodo puant. Je me suis arrete, l'ai salue, entre voyageurs... Il a grommele, je ne sais pas dans quelle langue, perclus de trop de solitude, il ne devait plus le savoir lui-meme.
Je suis reparti, lui ai fait un signe de la main, je ne saurai pas ou il allait; qu'importe, je doute qu'il n'en revienne jamais. Alors j'ai roule, derange, mal a l'aise; au detour d'un virage, une glycine m'a pris par la main pour me ramener sur la route, les agaves, les citronniers et le soleil declinant lui ont prete main forte.
A Ospedaletti, la Via Aurelia qui traverse le village est bordee de mandariniers et de dattiers. Je pense qu'on ne mange ni les unes ni les autres mais les voir m'a rassasie.


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