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AUTOPSIS : Voir par soi-même, est d’abord une discipline de la mémoire : Se souvenir de tout pour en oublier la plus grande part, oublier les dogmes et les vérités indiscutables, oublier encore leur corollaires les plus pernicieux : les conventions écrasantes, les idées préconcues, les certitudes jamais vérifiées; oublier surtout que c’est impossible afin de se mettre en chemin et se gorger d’images comme autant de grains de pollen, insignifiants en apparence, mais constitutifs des plus belles histoires que nos petits-enfants s’efforceront d’oublier. Alors, à leur tour, ils iront voir par eux-mêmes et découvriront que voir, c’est faire exister.

vendredi, avril 14, 2006

Mercredi matin,
En fin de matinee, l Italie aura ete traversee, j aurai rejoint l Adriatique. C est avec le coeur leger que je prends la route, je dejeunerai a Giollia, a l extreme sud-est de la lagune de Venise. 80 kms de nationale que je n ai pas su eviter, 80 kms de camions; aspire par ceux qui me doublaient, refoule par ceux qui me croisaient, assourdi par tous, ce n est que vers 13 heures que je me suis laisse tombe, vide, defait, a la table d un bistrot de pecheur. Il etait sombre a ne pas voir le fond de la piece, les nappes en toile ciree etaient fendues et grasses mais j etais a l abri du vent qui descendait, par rafales, des sommets enneiges du Trentino.
Dehors, de gros bateaux- en pleine ville, mais dans ce pays sans relief, les canaux remontent loin- preparaient leurs apparaux pour la peche aux coquillages; plats, petits, des petoncles sans doute, ils seront vendus directement au bord du quai.
Je devorais deux paninni en preparant l apres-midi a laquelle je pensais depuis plusieurs semaines: Je longerai la lagune par la mince bande de sable qui la separe de la haute mer: deux iles, Palestrina et Lido di Venezia et une presquile, Cavallino, je decouvrirai ainsi quelle derniere image Marco Polo avait emmenee dans son bagage, il n avait pas pu ne pas se retourner.
j ai pris trois fois le bateau, des hordes d allemands en grosses chaussettes dans leurs birkenstock m ont bouscule, des familles d americains , glaces et chips a la main, m ont meprise, des groupes de lyceens francais m ont importune avec leurs plaisanteries grasses. Je n ai, avec Polo, rien partage si ce n est quelques reflets vert jade, deja, sur la lagune et de longues perspectives de ducs d albe enchaines; Je n en avais plus envie.
A la nuit, j ai pose ma tente entre des camping-cars autrichiens et des bungalows vides, je me suis endormi avec les images qui m habitent depuis mon depart et que je ne vous dirai pas, pas tout de suite, pas a tous. Derriere, la sinistrissime, devant, peu importe, demain.