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AUTOPSIS : Voir par soi-même, est d’abord une discipline de la mémoire : Se souvenir de tout pour en oublier la plus grande part, oublier les dogmes et les vérités indiscutables, oublier encore leur corollaires les plus pernicieux : les conventions écrasantes, les idées préconcues, les certitudes jamais vérifiées; oublier surtout que c’est impossible afin de se mettre en chemin et se gorger d’images comme autant de grains de pollen, insignifiants en apparence, mais constitutifs des plus belles histoires que nos petits-enfants s’efforceront d’oublier. Alors, à leur tour, ils iront voir par eux-mêmes et découvriront que voir, c’est faire exister.

vendredi, avril 28, 2006

Le matin, je mets a profit les deux ou trois premiers kilometres pour etre a l'ecoute des cliquetis de mon velo, pour reperer l'environnement, la topographie, le vent, le soleil et pour trouver la position et le braquet sur lesquels je me sens a l'aise; j'ai alors une idee assez claire de la bonne journee qui commence. Par contre, si celle-ci doit etre penible, c'est a la premiere seconde du premier metre que je connais exactement le calvaire qui m'attend. Cela m'est deja arrive en Italie, l'etape de Sofia sera donc la deuxieme.
Une longue ligne droite legerement montante de quatorze kilometres doit m'amener a proximite de Dimitrovgrad, la frontiere bulgare. Elle est balayee par un vent violent. Pas un seul muscle ne m'a laisse de repit, aucune position n'a su calmer les douleurs; au bout d'une heure, je n'en etais toujours pas venu a bout. J'ai passe la journee a compter les kilometres qui duraient des heures puis les hectometres puis plus rien. Je pensais etre a Sofia pour dejeuner, j'y fus a seize heures, j'ignorais encore, fuseau horaire, qu'il en etait dix-sept.
C'est en cherchant l'office de tourisme que j'ai rencontre Dimitar, petit bonhomme jovial, avenant, apparemment franc et honnete, moustache et carte de visite en avant. Il m'a immediatement propose un logement chez lui (20 euros par jour, une fortune bulgare) . J'etais epuise. Un quart d'heure plus tard j'etais installe dans une chambre confortable, mon linge etait dans la machine a laver, j'avais la clef de la maison, l'acces a la cuisine pour le the et a la salle de bains pour la douche.
Il y avait un atelier d'imprimerie dans la maison d'a cote, il etait dit qu'une journee si mal commencee n'etait pas condamnee. Une bonne vieille "heidelberg" bien noire et bien huilee faisait entendre son tchic-clac regulier, j'etais bien; deux joueurs d'echecs etait attables sur le trottoir en contrebas, j'etais loin.