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AUTOPSIS : Voir par soi-même, est d’abord une discipline de la mémoire : Se souvenir de tout pour en oublier la plus grande part, oublier les dogmes et les vérités indiscutables, oublier encore leur corollaires les plus pernicieux : les conventions écrasantes, les idées préconcues, les certitudes jamais vérifiées; oublier surtout que c’est impossible afin de se mettre en chemin et se gorger d’images comme autant de grains de pollen, insignifiants en apparence, mais constitutifs des plus belles histoires que nos petits-enfants s’efforceront d’oublier. Alors, à leur tour, ils iront voir par eux-mêmes et découvriront que voir, c’est faire exister.

dimanche, avril 23, 2006

La premiere tombe russe, c'est tres haut, tres loin dans la montagne, que je l'ai vue, redescendant de chez la 'mamie de Stratinska'. Faite de marbre noir, propre, entretenue, datee de 1944, elle devait etre celle d'un soldat russe car dans les kilometres qui ont suivi, j'en ai vu des dizaines. Arrive dans la valle, je retrouve des chemins plus praticables mais aussi des villages de paysans slaves, bottes et casquettes pour les hommes, foulards pour les femmes. L'ecriture cyrillique a remplace l'alphabet latin mais les mots restent les memes et les eglises orthodoxes presentent au ciel les formes plus feminines de leur coupoles a la place des minarets imperatifs des mosquees.
Sans le savoir, je suis entre en "republika srpska", la composante slave de Bosnie, l'autre etant la "federacija bosna i hercegovina" musulmane. Dans le premier village, j'ai croise le premiere carriole, j'en verrai de nombreusses avant la frontiere serbe. De petits chevaux, criniere dans les yeux, poils longs serres dans une gangue de crotte et de boue, tirent des charettes faites de 2 essieux de voiture reliee par une caisse assez mince, en planches, ouverte devant et derriere comme le serait une pirogue dont on aurait coupe les extremites. Une buche suspendue par des chaines frotte sur les pneus et servira de frein lorsque le chauffeur crotte comme son cheval s'arretera devant le bistrot. Meme en ville, a Banja Luka comme a Brcko, elles sont a leur place; je n'en ai vu aucune en Federacija.
Un meme pays, deux civilisations tellement differentes, tellement affirmees: urbaine, jeune, musulmane, moderne d'un cote d'une frontiere invisible; orthodoxe, slavophone, plus vielle et rurale de l'autre mais la paix est une valeur partagee, dit-on. Je crois, pour ma part, aux jolies filles de Lazarevac, Sanski Most ou Otacac, meme jean taille basse, meme lunettes Gucci dans les cheveux: victimes de la mode assurement, de cette mode mondiale si detestable mais qui peut aussi faire le lien. Je veux esperer que des filles, en apparence si semblables, ne laisseront pas s'entretuer les garcons au bras desquels elles sont pendues.