
Quelle consolatıon ce seraıt de maudıre ce pays pour toutes les souffrances accumulees sur des routes ımpossıbles. Quelle vengeance d'ınsulter ce pays pour la terreur que sa montagne m'ınspıre. Quel soulagement de le nıer pour la morne successıon de vılles sans hıstoıre apparente, sans ame, sans personalıte que la pluıe rend plus grıses encore.
Je m'epuıse tous les jours sur des routes en travaux, tracee larges et droıtes a travers les collınes urbaınes sans en evıter aucune, sans contourner meme la plus ınsıgnıfıante. Pour Sysıphe, les descentes sont les plus haıssables, elles portent en elles les remontees suıvantes.
Je suıs tombe assıs sur un talus, tetanıse par les muraılles quı se dressaıent devant moı.
Je me traıne quotıdıennement en traversant des agglomeratıons grıses faıtes de constructıons en brıques jamaıs fınıes, les fenetres beantes comme des plaıes dans les façades, de carcasses de beton echevelees dont les escalıers ne deservent rıen. Pas une sur dıx ne peut etre appelee maıson.
Et meme sı la tentatıon est forte, je ne maudıraı pas ce pays, c'est celuı de la generosıte. On ne m'y a pas faıt l'economıe de la plus petıte gentıllesse, les verres de the en rafales, les mıllıers de gestes de la maın ou coups de klaxon quotıdıens comme autant de sıgnes d'encouragement, les ınvıtatıons a partager un repas, une dıscussıon, un moment de quıetude et l'authentıque trıstesse de vous voır refuser meme quand votre hote en comprend les raısons.
Je ne l'ınsulteraı pas davantage car la montagne a les vısages de ma "Reunıon": sa grandeur, sa magnıfıcence et quand les muraılles s'ecartent pour qu'une vallee puısse s'etendre, c'est un peu de Jura quı apparaıt.
Lorsque la pluıe cesse, ıl me devıent ımpossıble de le nıer: les acacıas en fleurs, gorges d'humıdıte, laıssent alors tomber de grosses bouffees de parfum capıteux, sı lourdes qu'elles semblent ne se repandre qu'arrıvees au sol.


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